Victoria Nixon

 

Victoria Nixon, BA, infirmière clinicienne, travaille à l’Hôpital général juif. Elle a été interviewée par Christina Clausen le 28 avril 2021. Elle est actuellement en congé de maternité mais reprendra ses fonctions à l’unité de chirurgie cet hiver.

Devenir une famille

Cela faisait à peine deux ans que Victoria Nixon travaillait comme infirmière à l’unité de chirurgie générale de l’Hôpital général juif lorsque la pandémie a frappé.

« Au début, j’ai ressenti une sorte de fébrilité, explique-t-elle. « Me voici aux premières lignes de ce nouveau virus dont on ne sait rien. C’est la guerre de notre génération, me suis-je dit. Je suis prête à faire ma part. »

Pendant la première vague de la pandémie, Nixon a travaillé à l’unité COVID nouvellement créée, qui, à cette période dit-elle, était principalement une unité gériatrique de soins palliatifs. « C’était commun d’entendre qu’une ‘femme de 97 ans était transférée de l’urgence pour mourir ici’, explique-t-elle. Il s’agissait pour moi d’une grande courbe d’apprentissage pour ce qui est des soins palliatifs et des injections par voie sous-cutanée de dilaudide ou de halopéridol, par exemple, acte que je n’avais jamais posé avant comme infirmière en chirurgie. »

C’était également difficile sur le plan de sa santé mentale et émotionnelle. « Je perdais un patient à chaque quart », dit-elle. C’était particulièrement affligeant pour elle de voir les familles perdre leurs proches, car Nixon a elle-même choisi ce métier après avoir vu des infirmières prendre soin de son grand-père malade.

« Je n’oublierais jamais une femme de 98 ans qui avait une grande qualité de vie. Pendant la première vague, on disait ‘ce ne sont que des personnes âgées’. Mais, en réalité, il s’agit de la grand-mère qui prépare des biscuits au chocolat si proche de vous et de la famille. »

Écouter un extrait de l'entrevue de Victoria Nixon :

Sa première expérience de tenir un iPad pour une patiente afin que la famille puisse lui faire ses adieux est inoubliable. « Je tremblais comme une feuille et je tenais la main de ma patiente pendant que sa petite-fille de cinq ans lui disait au revoir. »

« Les collègues deviennent des membres de votre famille après une expérience comme celle-là. »

C’est grâce à l’aide de ses collègues que cette infirmière relativement nouvelle a pu gérer le stress. En effet, l’unité a rapidement établi un système d’entraide, jumelant deux infirmières pour s’occuper des soins au patient.

« On s’encourageait toujours d’un regard, comme pour se dire, ‘tout va bien aller, j’ai quelqu’un avec moi’, explique Nixon. Les collègues deviennent des membres de votre famille après une expérience comme celle-là. »

Mais ce n’était pas que ses collègues. Il y avait un patient en particulier auquel tout le monde s’était attaché. « Il était avec nous depuis deux semaines lorsque sa femme a été admise. Nous les avons mis dans la même chambre, mais quand sa femme est rentrée à la maison, le mari est devenu très déprimé ». Le patient s’est rétabli de la COVID, mais il avait d’autres problèmes de santé. Il a été transféré à l’unité de soins intensifs puis aux soins palliatifs.

« Il ne voulait pas de drame. Il avait pris sa décision, explique Nixon Nous avons rappelé sa femme, qui connaissait toutes les infirmières. »

Mais c’est la fille du couple que Nixon n’oubliera pas. « Nous sommes tous allés dans la chambre et sa fille a dit : ‘Nous sommes là papa et toute ta famille de l’unité K10 est ici avec toi. Nous sommes tous à tes côtés. »

Le lendemain de sa mort, « nous nous sommes tous réunis au poste infirmier et avons versé des larmes en évoquant quelques souvenirs de lui, dit-elle. Dans un service de chirurgie occupé, on n’a pas toujours la chance d’apprendre à bien connaître les gens, mais quand on passe beaucoup de temps ensemble, c’est différent. On devient une famille; c’est cette équipe qui fait en sorte qu’on n’est jamais seul. »

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