Adila Zahir

 

Adila Zahir, MScN, DESS, est Chef du Service de Prévention et Contrôle des Infections (PCI) au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Elle a été interviewée par Christina Clausen le 29 avril 2021.

L’épreuve du feu

Avant même que la pandémie ne frappe officiellement Montréal, la chef du Service de Prévention et Contrôle des Infections (PCI) du CIUSSS recevait déjà des appels sur la COVID-19. « Nous avons été bombardés de questions du département d’urgence » a dit Adila Zahir. « C’est peu après que les réunions du comité de lutte contre la pandémie ont débuté suivies de tonnes d’autres réunions. Il nous fallait un plan solide. »

Or, Zahir et son équipe étaient confrontés à un problème de taille – ils n’avaient pas toutes les réponses. Personne ne les avait. « Je craignais pour notre crédibilité – je ne voulais pas perdre la confiance des gens, déclare-t-elle. Je voulais donner la bonne réponse, mais il n’y avait pas de bonne réponse. Tout changeait constamment, la situation évoluait sans cesse ». Zahir était aussi relativement nouvelle à son poste, ayant assumé la direction de l’IPAC au début de 2018 – et les membres de son équipe étaient encore des novices.

« Je pense que certains membres avaient plus de six mois d’expérience, mais la majorité en avait moins, explique-t-elle. Et ils devaient établir les directives pour l’ensemble du CIUSSS, y compris les CLSC, les centres résidentiels et d’autres organes externes. »

« Nous devions guider des sites avec qui nous n’avions jamais eu affaire, a dit Zahir. Notre protocole devait être adapté à chaque secteur et écrit en anglais et en français. Sans oublier que nous devions continuellement actualiser ces protocoles en fonction des situations changeantes. »

Écouter un extrait de l'entrevue d'Adila Zahir :

« Un long sprint qui s’est changé en marathon. »

Au cours de la première vague, tout était chaotique. « Je devais gérer des appels sur mon cellulaire, des textos ainsi que des appels sur mon téléphone de bureau, et ce tout en assistant à une réunion sur Teams. Ensuite, il fallait répondre aux courriels qui fusaient de partout – tout semblait urgent. »

Zahir travaillait sans arrêt, soirées et week-ends compris. « C’était un long sprint qui s’est changé en marathon », dit-elle. Un marathon qui a exigé qu’elle puise dans toutes ses ressources pour survivre. Et une de ses ressources a été sa fille.

« La relation avec ma fille avait beaucoup changé parce qu’elle avait 12 ans, presque 13 ans à l’époque, explique-t-elle. J’étais encore une mère protectrice et je m’occupais encore pas mal d’elle ». Mais pendant la pandémie, Zahir, mère monoparentale, a dû laisser sa fille s’organiser elle-même. « Elle est devenue plus mature, plus indépendante; elle s’est mise à se faire à manger », de dire Zahir. Et mère et fille ont parlé de sujets qu’elles n’avaient jamais abordés avant. C’était un changement positif pour Zahir. « Le seul aspect négatif, c’est que nous n’avions plus le temps de nous retrouver », dit Zahir.

La pandémie a eu un autre côté positif pour Zahir, à savoir l’énorme sentiment d’accomplissement qu’elle a ressenti. « Lorsqu’on est confronté à ce genre de crise, il faut des solutions, dit-elle. J’ai accompli en trois ans à l’HGJ ce que je n’ai pas accompli dans d’autres postes que j’ai occupés bien plus longtemps. »

Elle était également « très, très fière » de son équipe, qui a triplé d’effectifs pendant la pandémie. « Nous sommes devenus plus connus, plus visibles. Je suis très fière de cela. Je suis aussi très heureuse de la collaboration que nous avons établie avec les unités. »

Zahir est toutefois déçue du manque de reconnaissance envers les infirmiers et infirmières. « En sous-effectif, le personnel infirmier était dépassé et surmené, et pourtant, nous avons reçu très peu d’attention. Je crois que les gens ne savent pas à quel point les infirmiers et infirmières ont souffert. »

 

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