Nouvelles du CIUSSS

Un message du Dr Rosenberg : Message de fin d’année 2022

Dr Lawrence Rosenberg

Je n’arrive pas à croire que nous sommes déjà à la fin de décembre! Comparativement à l’année dernière, qui semblait s’éterniser en raison des multiples vagues de la COVID-19, il me semble que 2022 s’est volatilisée. C’est comme si nous avions été propulsés sans ménagement dans le « monde réel », comme Jonas a été éjecté du corps de la baleine. 

Inutile de dire que je suis ravi d’être de retour, en personne, parmi mes collègues et amis, les prestataires des soins de santé et les usagers, malgré les masques!  

Les deux dernières années et demie ont été bien longues, mais je crois que nous pouvons dire que la pandémie est derrière nous, ou tout au moins le pire de la pandémie. À titre d’organisation, nous avons démontré incontestablement de quoi nous étions capables. Il suffit de penser au dévouement profond et à la compassion dont nous avons fait preuve envers les personnes les plus fragiles et les plus vulnérables parmi nous, à notre résilience, à notre esprit d’innovation, d’entreprise et de pionnier qui ont entraîné de grandes avancées, clairement reflétées par l’expansion soutenue de la santé numérique au sein de tous nos sites. 

Nous continuons de compter sur tous les traits de caractère ci-dessus, au moment où nous unissons nos forces pour composer avec un changement et relever un défi qui sont peut-être sans précédent en matière de soins de santé modernes.

« L’inquiétude » prédominante est capturée dans un poème de Portia Nelson, intitulé Autobiography in Five Short Chapters (Autobiographie en cinq courts chapitres) : 

Premier chapitre : Je marche dans la rue. Il y a un trou profond dans le trottoir. Je tombe dans le trou. Je suis perdu… Je suis sans défense. Ce n’est pas de ma faute. Trouver la sortie prend une éternité. 

Deuxième chapitre : Je marche dans la même rue. Il y a un trou profond dans le trottoir. Je fais semblant de ne pas le voir. Je tombe de nouveau dans le trou. Je n’arrive pas à croire que je suis de nouveau dans cet endroit. Mais, ce n’est pas de ma faute. Trouver la sortie prend encore une éternité.

Troisième chapitre : Je marche dans la même rue. Il y a un trou profond dans le trottoir. Je vois qu’il est là. Je tombe de nouveau dans le trou… C’est une habitude… Mais, j’ai ouvert les yeux. Je sais où je suis. C’est de ma faute. Je trouve la sortie immédiatement.

Quatrième chapitre : Je marche dans la même rue. Il y a un trou profond dans le trottoir. Je le contourne.

Cinquième chapitre : Je marche dans une autre rue.

La vie ressemble probablement à cela pour plusieurs d’entre nous; c’était indéniablement mon cas ces dernières années. Nous nous engageons dans une voie, certains de savoir où nous allons, mais découvrons par la suite que le voyage est rarement aussi simple. « La vie », disait John Lennon, « est-ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à faire d’autres plans ». Ou, comme le dit le proverbe « L’homme planifie et Dieu rit! ». 

Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal est un endroit très spécial, qui est encore plus exceptionnel en raison de ceux qui y travaillent — des personnes de toutes les religions, de toutes les ethnies et de tous les milieux. Chaque jour, ces personnes s’efforcent d’incarner le rêve de nos communautés constitutives, en insufflant la vie à une organisation de soins de santé ancrée dans les mêmes valeurs que ces communautés. L’objectif de ces personnes est de fournir des soins à tous, comme ils le font depuis près d’un siècle, que ce soit au sein d’un hôpital autonome, d’installations de soins de santé, de CLSC, de CSSS, et maintenant de notre CIUSSS. 

Les personnes qui nous ont précédés se sont assurées que nos installations soient au faîte des premières vagues des soins de santé modernes. J’ai la certitude que la génération qui constitue notre force de travail actuelle ne souhaite pas sombrer dans les remous de la révolution des soins de santé qui se déroule actuellement : les soins virtuels, l’IA, la réalité augmentée et la médecine personnalisée. Nous souhaitons non seulement participer à cette révolution, mais nous entendons en être à l’avant-garde! Désormais, aux yeux du monde, la santé numérique, dans son acception la plus vaste, est une bouée qui nous permettra de sortir du marasme actuel des soins de santé.  

En résumé, l’avènement de notre leadership en matière de santé numérique — notre travail fondamental d’instaurer un continuum de soins fondés sur la valeur qui améliorera l’accès aux soins virtuels — est, en fait, la mise en œuvre des obligations que nous avons envers nous-mêmes ainsi qu’envers ceux que nous servons. Nous nous efforçons de devenir un établissement de soins de santé chef de file mondial de la nouvelle génération : nous ne sommes rien de moins que l’avenir de la santé.  

À titre de CIUSSS, nous choisissons de nous engager envers la santé numérique dès maintenant, non pas par facilité, mais parce que c’est ce qu’il faut faire et parce que cet objectif permettra de structurer notre énergie et nos compétences, et de les mesurer. Il s’agit d’un objectif qui ne peut pas être reporté et, pour le réaliser, nous avons l’intention d’exceller et d’agir comme fer de lance. Il n’y a pas de meilleure validation de nos réalisations que les trois prix décernés par nos pairs dont nous avons été honorés au cours des derniers mois. 

Dans ce cas, le défi n’est pas la technologie, mais les gens! 

En effet, lors de la plupart des discussions sur le changement vous découvrez très souvent que le problème s’avère être les personnes à qui vous parlez qui, pour utiliser une métaphore, « vivent dans le sous-sol d’un grand immeuble ». Lorsque vous essayez de leur dire que l’immeuble ne se limite pas au sous-sol — qu’il y a aussi une centaine, ou plus, d’autres étages qui peuvent être habités et d’où, depuis les étages supérieurs, nous pouvons voir un monde vaste et magnifique —, ils nieront l’existence de ces autres étages. 

Invariablement, ces personnes inventeront toutes sortes d’excuses pour ne pas chercher à voir la réalité. « Nous n’y sommes jamais allés, alors comment pouvons-nous en être certains? » Ou, « Nous avons le vertige; nous avons peur de monter; c’est dangereux; nous pourrions tomber. » Et, même si quelques personnes courageuses commencent à parler d’aller aux étages supérieurs, elles en sont découragées par leurs amis qui sont figés dans leurs habitudes. 

Le résultat inévitable est que plusieurs d’entre nous restent au sous-sol de la vie, en pensant qu’elle n’offre rien de plus. Nous continuons à vivre dans les étages inférieurs, inconscients de la vue et du soleil qui se trouve aux étages supérieurs. Occasionnellement, nous pourrions avoir un aperçu d’un étage supérieur ou voir une photo de la vie « là-haut ». Ou encore, une personne enthousiasmée par les « les étages supérieurs » pourrait nous décrire ce à quoi ils ressemblent. Mais, nous n’arrivons pas à nous résoudre à rompre avec nos vieilles habitudes, à faire un effort particulier, à trouver le courage d’explorer les étages supérieurs.   

Il ne s’agit pas d’une critique, mais plutôt d’une observation, à laquelle nous accorderons une attention particulière au cours de la nouvelle année, lorsque nous présenterons notre approche à la gestion adaptive du changement. J’envisage avec plaisir de collaborer étroitement avec tous ceux qui souhaitent en savoir plus. 

Tout cela m’amène à citer une parabole :  

Un père et son fils étaient en voyage; le père chevauchait un âne et le fils marchait à ses côtés. Sur la route, ils croisent une personne qui dit au père « Vous êtes cruel. Vous chevauchez l’âne et faites marcher votre fils! Quel genre de père êtes-vous? ». Le père descend alors de l’âne et fait monter son fils à sa place. Un peu plus loin, ils rencontrent une autre personne qui les critique : « Comment élevez-vous votre fils? Par une journée aussi chaude, comment pouvez-vous laisser votre fils utiliser l’âne, comme s’il était un prince, pendant que vous marchez? ». Le père fait descendre son fils de l’âne, et ils poursuivent leur chemin en marchant tous les deux. Par la suite, ils rencontrent une troisième personne qui était également contrariée : « Quels idiots! Pourquoi l’un de vous au moins n’est-il pas sur l’âne? ». Ils montent donc tous deux sur l’âne jusqu’à ce qu’ils voient une quatrième personne, qui s’exclame : « Comme vous êtes cruels à chevaucher ce petit âne tous les deux! Ne vous souciez-vous pas du bien-être des animaux? ». En entendant ces paroles, ils descendent de l’âne et le portent tous les deux. Finalement, ils rencontrent une cinquième personne, qui se moque d’eux : « Quels idiots! Quelles personnes saines d’esprit portent un âne? ». 

La morale de cette histoire? Quoi que vous fassiez, certaines personnes seront inévitablement mécontentes. Si vous essayez de satisfaire tout le monde, vous finirez par être comme deux personnes qui portent un âne! 

Au cours de l’année écoulée, nous nous sommes demandé si, en fait, nous faisions fausse route. Je réponds en montrant comment nous construisons une organisation durable. La formule? Les organisations durables se réinventent! C’est ce que signifie la création de notre nouvelle image Vos soins partout

Il existe toujours des tensions entre l’ancien et le nouveau, entre la continuité et l’innovation, entre le continuum ininterrompu du passé et la résolution audacieuse de forger de nouvelles voies vers l'avenir. Néanmoins, les premières manifestations de la créativité naissent de ces types de conflits et de tensions.   

La créativité inclut également la notion de transformation ou d’amélioration du passé. Chaque génération s’appuie sur les réalisations de la précédente, parce que chacune se considère comme faisant partie d’une alliance avec ses fondateurs originaux. 

Permettez-moi de conclure par un court récit, tiré de la tradition juive. 

Le Rabbin Yehoshua ben Hanania demande à un jeune homme qui était assis à une croisée de chemins « Quel chemin mène à la ville? ». Le jeune homme indique l’une des voies et dit « Ce chemin est court, mais long. L’autre est long, mais court ». Le rabbin s’engage dans la première voie et arrive rapidement près de la ville, mais son chemin est bloqué par des jardins et des vergers. Il retourne donc vers le jeune homme et lui dit « Ne m’as-tu pas dit que ce chemin était court? ». « Oui », répond le jeune homme, « mais je t’ai aussi prévenu qu’il était long ». Ce récit nous apprend qu’il vaut mieux prendre le long chemin qui nous mène éventuellement et sûrement à destination plutôt que de prendre le chemin court qui ne le fait pas, malgré les apparences.  

Il n’y a pas de voies rapides. Le long chemin peut être court; le chemin court peut être long. Il est de loin préférable, de savoir, dès le départ, que la route sera longue, que le travail sera ardu et qu’il y aura de nombreux revers et de mauvais virages au fur et à mesure de notre progression.  

Au moment où nous nous engageons dans la prochaine étape de l’avenir de notre CIUSSS, nous devrons faire preuve de cran, de résilience, d’endurance et de persistance. Cependant, le parcours est exaltant, et il n’y a aucune autre voie. Plus les choses seront difficiles, plus nous deviendrons forts.  

Je tiens à saisir cette occasion pour remercier chacun de vous des efforts herculéens que vous avez faits pour alléger le fardeau des usagers de nos soins de santé et de nos services sociaux, ainsi que de vos collègues. Je souhaite à tous une bonne et heureuse année 2023, et j’envisage avec plaisir de travailler à vos côtés pour surmonter les défis inévitables des années à venir.

Lawrence Rosenberg, M.D., Ph. D. 
Président-directeur général 

Dernière modification de la page le 

Nous recherchons toujours des commentaires pour améliorer notre site.