Sarah Hasson

 

Sarah Hasson, Msc(A), est infirmière clinicienne à l'Hôpital général juif. Elle travaillait dans l'unité de soins intensifs au moment de son histoire. Elle a été interviewée par Alefia Merchant le 29 avril 2021.

Unité d’équipe

En janvier 2020, alors qu’on commençait tout juste à entendre parler de la COVID-19, l’infirmière clinicienne Sarah Hasson, de l’unité des soins intensifs, reprenait le travail après un arrêt de six semaines. « J’avais hâte de revenir à l’hôpital pour retrouver mon équipe, qui est vraiment géniale », dit-elle. Également passionnée d’équitation, Hasson travaillait alors à temps partiel, ce qui lui laissait du temps pour s’occuper du cheval qu’elle possède.

« Nous avons eu notre premier cas à la mi-mars… et c’est à moi qu’on l’a confié, » se rappelle Hasson. Une infection inconnue, des protocoles révisés : cela faisait beaucoup de changements à gérer. « Je me rappelle avoir dit à l’infirmière qui assignait les patients : “J’ai peur”, parce qu’on n’avait aucune idée de ce qui se passait. »

L’Hôpital Général Juif était alors le seul à Montréal à recevoir les cas de COVID. Mais les semaines passant, le nombre de cas a explosé et la société s’est refermée. « C’est après la semaine de relâche que ça a commencé à être difficile, parce qu’on ne savait pas où ça allait s’arrêter. »

À la maison, Hasson vivait alors avec sa mère, venue de France pour un séjour à Montréal. Si elle est aujourd’hui reconnaissante de l’avoir eue auprès d’elle, Hasson admet que cela représentait tout de même une source d’inquiétude à l’époque. En effet, comme sa mère avait survécu à un cancer du poumon, Hasson se devait de la protéger le mieux possible. « Je ne l’ai pas embrassée ni serrée dans mes bras durant tout le temps où elle était là », dit Hasson, qui ajoute cependant qu’elle aurait eu beaucoup plus de difficulté si elle avait été seule. « C’est ma mère qui faisait tout à la maison, elle m’a beaucoup aidée. Mais on respectait toujours nos distances. »

Écouter un extrait de l'entrevue de Sarah Hasson :

Pendant ce temps, Hasson devait désormais travailler à temps plein en conséquence du décret gouvernemental. Après deux années à temps partiel, elle trouvait la transition difficile. « Ça m’a amochée un peu, avoue-t-elle. J’étais fatiguée. Et le fait que je ne puisse pas aller m’occuper de mon cheval m’a enlevé ma soupape. » Travaillant beaucoup, ne pouvant pas se changer les idées, Hasson vivait alors des moments difficiles, le stress psychologique venant s’ajouter à la fatigue physique. « Tout était fermé, il n’y avait plus nulle part où aller, et je me demandais : quand est-ce que ça va s’arrêter ? »

À l’arrivée de la deuxième vague, Hasson retrouvait enfin son horaire à temps partiel. À l’hôpital, tout en appréhendant cette nouvelle vague, on s’affairait à reprendre les chirurgies retardées par la pandémie. « Il a fallu se réadapter, dit l’infirmière. On n’avait pas fait de chirurgies depuis trois ou quatre mois… » Mais le retard accumulé était bien pire pour les patients, surtout ceux atteints de cancer ou en attente d’une chirurgie cardiaque, qu’on avait mis de côté pendant que leur maladie continuait de progresser.

Autre source d’inquiétude – et de frustration : les gens qui délaissaient trop vite les mesures sanitaires. « Il y a encore des personnes qui ne comprennent pas, ou qui pensent que les règles ne s’appliquent pas à elles, dit Hasson. C’est ce que je trouve le plus difficile, cette espèce de nombrilisme, alors qu’on sait qu’il n’y a pas d’autre solution. Je pense que ce sentiment de frustration, je vais l’avoir jusqu’à ce que la pandémie soit terminée. »

Malgré tout, impossible pour Hasson d’oublier ce que cette période dure a apporté de mieux : « Pour moi, la plus belle histoire de la pandémie, c’est l’unité que je ressens avec mes collègues. Même au plus bas, on était super soudés. Et puis… on est passés au travers. »

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